"GET OUT" est il un film raciste ?
Produit avec un budget réduit, « Get Out » est devenu un phénomène mondial : énorme succès, il a rapporté 175 millions aux USA et Canada et 76 millions dans le reste du monde, sans compter les droits dérivés. En France il a fait plus d’un million d’entrées.
De quoi s’agit-il ?
Le héros (un jeune photographe noir) accepte de passer un week-end chez les parents de sa petite amie blanche, pour rencontrer sa belle-famille. Un peu inquiet des réactions que sa couleur de peau pourrait susciter, il est au contraire accueilli très chaleureusement par eux… Hélas, les choses se gâtent peu à peu.
Le film a reçu une majorité de critiques positives de la part de la presse et des spectateurs, ce qui paraît justifié tant il est efficace, bien joué, et bien construit. C'est une vraie réussite.
Mais il y a un aspect politique sous-tendu dans cette oeuvre, et il mérite qu'on s'y arrête.
Le film montre 4 personnages noirs tous sympas et une kyrielle de personnages blancs, tous méchants et dégénérés. On note que les blancs ne sont pas clairement racistes : simplement, les noirs sont quantité négligeable à leurs yeux. Ce qui est donc intéressant ici, c’est que si un réalisateur fou inversait le scénario (un gentil blanc est reçu chez des noirs fourbes) le film deviendrait sulfureux, voire serait l’objet de poursuites. Bien entendu, « Get Out » est tout à fait justifié historiquement : aux USA ce sont bien les blancs qui avaient des esclaves noirs et non le contraire. Néanmoins, on observera que la société occidentale a développé le syndrome pervers du politiquement correct, si bien qu’un point de vue transgressif (noirs mauvais, blancs bons) serait artistiquement suicidaire. Du reste à la fin, le gentil black zigouille tous les blancs sans que personne ne trouve à redire.
Voilà qui montre que nos société sont en réalité l’objet de remords, de non-dits, d’oukases invisibles. Car au fond, le racisme, c’est s'appliquer à soi-même des présupposés.
Mélenchon : ombres et lumières...
Jean-Luc naît en 1951 ; ses deux parents sont fonctionnaires. Contrairement à sa légende, ce soi-disant Pic de La Mirandole ne possède qu’un modeste Bac + 3 (licence de philo). Sa brève carrière professionnelle - ensuite ce sera un homme politique à plein temps - se cantonne d’ailleurs à deux emplois de professeur de français, dont un en lycée technique. Pour être complet, ajoutons le poste improbable, deux années durant, de « directeur politique » (! !!) de l'hebdomadaire du PS Vendredi.
Un long passage dans l’OCI lambertiste (il dirige la section de Besançon de 72 à 79, sous le pseudo de « Santerre »), ne l’empêche pas d’adhérer au PS en 76. Une curiosité car l’OCI est quasiment une secte, où on ni le droit de se marier entre membres, ni celui d’apparaître sous son propre nom… Mélenchon est du reste très flou toutes les fois qu’on l’interroge sur cette période opaque. Notre Jean-Luc devenu PS se voit en tout cas rapidement propulsé directeur de cabinet du maire de Massy Claude Germon. Il fera ensuite l’ensemble de sa carrière dans les arcanes et méandres du PS (Premier secrétaire de la fédération de l’Essonne, conseiller régional, etc.) avec une préférence marquée pour les sinécures, où la tâche ne présente pas de caractère fatiguant : sénateur de 2004 à 2010, député européen de 2009 à 2017 – la presse note des actes de présence à Bruxelles ou Strasbourg très moyens. Finalement son titre le plus prestigieux aura été ministre délégué (c’est à dire sous-ministre) à l’enseignement professionnel sous Jospin, de 2000 à 2002. Cet homme de réseau est en outre Franc-Maçon, au Grand Orient de France depuis 1983.
Arrivé à ce stade se pose la question : comment un vieux briscard de la politique, blanchi sous le harnais, ayant soigneusement choisi au cours de sa carrière des fonctions peu exposées, va-t-il devenir quelques années plus tard le leader charismatique des Insoumis ?
C’est en 2008 que JLM quitte le PS, où il n’a jamais réussi à fédérer un courant significatif ; il fonde alors le Parti de gauche. Le PS n’ayant jamais été en mesure au cours de son histoire de trancher entre une culture protomarxiste et son aile libéralo-droitière, Mélenchon décide de sauter le pas pour une aventure au fond très Gaullienne.
L’élection Présidentielles de 2012 lui donne raison sur le fond, puisque Ségolène Royal proposera un programme ouvert aux lois du marché dérégulé, et l’acceptant comme tel. Mélenchon n’arrive qu’en 4eme Place, avec 11, 10 % des voix, derrière le cheval de retour Bayrou. Il aura commis une erreur classique : remplacer dans son discours la figure du prolétaire martyrisé par celui de l’immigré victime du capitalisme, concept qui a propulsé la classe populaire et les ouvriers vers le FN – mais ce faux-pas stratégique, il se gardera bien de le renouveler en 2017.
Durant les législatives qui suivent le triomphe de Hollande, Mélenchon va se prendre une grosse claque : il se présente dans le Pas-De-Calais contre Marine Le Pen, en claironnant avec imprudence qu’il va la battre ; il n’obtient au final qu’un faible 21,46 % des votes, contre 42,26 % pour la Présidente du FN. N'ayant pas atteint les 12,5 % de voix d'inscrits, il ne peut même pas se maintenir pour le second tour. Jean Marie Le Pen aura ce mot cruel : « c’est Baudruchon ».
On ne résumera pas les cinq années politiques suivantes, véritable tsunami de couacs dévaluant pour toujours le PS comme parti de gouvernement. L’homme au scooter doit renoncer à se représenter, et Mélenchon se lance hardiment dans une campagne digitale originale en créant le concept de la France Insoumise, à ce point efficace que le candidat manquera le second tour de peu et réduira son rival Hamon à l’état de purée : cette période électorale mérite en soi, ainsi que le programme FI, non dénué d’autoritarisme inquiétant, mais aussi d’avancées (le droit animal par exemple), une analyse précise.
Voici le plus inouï : à présent député, Jean-Luc l’égotique incarne aujourd’hui, avec ses Insoumis, conglomérat hétéroclite d’ambitieux (Clémentine Autain ou Alexis Corbière) de novices exaltés ou d’anciens écolos et Front de gauche, la seule opposition audible à Macron.
Un sacré destin pour un ex-sénateur du bedonnant PS !
Les 7 erreurs de Marine Le Pen
La Chance historique de 2017 a été gâchée. Jamais dans l’histoire de la Vème république le FN n’aura connu en effet un tel alignement des planètes pour vaincre, ou se rapprocher de ce résultat. Et il n'est pas certain que Marine Le Pen se remette jamais de ce Trafalgar...
Qu’on en juge :
- Un quinquennat vécu par tous comme un incroyable ratage, avec un Président qui dévaste son propre parti, puis, par son tempérament indécis, se déconsidère au point qu’il ne puisse se représenter, fait inédit dans toute l’histoire de la Vème.
- Une gauche (vraie ou fausse) explosée en trois candidatures distinctes - Mélenchon, Hamon, Macron.
- Une droite à l’agonie, les deux pieds dans le béton à cause de son candidat châtelain.
- Un malaise croissant qui donne des ailes aux partis nationalistes en Europe : débats récurrents sur la viande hallal, à l’école et dans les abattoirs, sur la burka, le burkini, enfin attentats sanglants à Paris et Nice ; ces faits cumulés ont générés une crispation dans toutes les couches de la société. Et la future menace de migrants débarquant par milliers préoccupe nombre d’esprits.
Quelles furent, donc, les erreurs multiples de la candidate et de son gourou Florian ? Détaillons-les à présent.
Erreur 1. Le programme. Non seulement le programme prévoyait une dépense publique démultipliée, mais il était surtout la quasi copie carbone de celui de 2012, les fameux colloques et consultations diverses présidant à sa conception en 2016 n’ayant eu visiblement aucun impact sur ce bricolage dada. En outre, en axant le programme sur la seule économie, le FN a retiré de sa manche son meilleur atout : la faiblesse de la réponse politique française à l’islamisme radical, les acteurs politiques traditionnels étant paralysés par une éventuelle accusation de racisme, à droite comme à gauche.
Erreur 2. Les fluctuations sur l’Euro. Entre Octobre 2016 et Mai 2017, la candidate Marine aura changé de cap plusieurs fois, sans jamais rester ferme. L’électeur interloqué aura ainsi vu se succéder plusieurs versions antagonistes d’un même sujet crucial, lié à la monnaie : il y eut la sortie pure et simple de l’euro, puis soudainement un référendum préalable au bout de six mois de « discussions », puis, enfin, le gadget improbable de deux monnaies co-existantes, le franc et l’euro, tout ceci expliqué tant bien que mal au moyen de fiches, avec la pénible impression que la récitante ne comprenait pas elle-même les phrases lues. Le problème de l’augmentation mathématique de la dette et d’attaques certaines sur l’épargne via la dévaluation puis l’inflation en cas d’abandon de l’Euro, écarté d’un revers de main par le sobre « un franc vaudra un euro », n’était pas non plus fait pour rassurer. On notera aussi d’autres revirements aberrants sur le programme, non expliqués : la retraite à soixante ans, par exemple – prévue tout de suite dans le programme présenté en Janvier, puis soudain repoussée à un délai de cinq ans, ceci une semaine avant le second tour, sans explications !
Erreur 3. Lieutenants pas à la hauteur. Dix pour cent des élus FN ont quitté le parti depuis 2015 ! L’équipe entourant la candidate a été incapable de produire des visages nouveaux et surtout les fameux experts surdiplômés (dont on nous promettait la naissance médiatique pour cette élection 2017) n’existaient pas en réalité. En outre, les deux meilleurs orateurs du FN, et seuls députés, Gilbert Collard et Marion Maréchal, furent mystérieusement absents ou peu visibles, victimes probables des ambitions hégémoniques de Philippot à occuper l’espace médiatique.
Erreur 4. Des discours sans élan. On ignore qui rédigeait les discours de la candidate, mais on n’adresse pas nos félicitations à cet âne. Décousues, sans assises, incroyablement répétitives, ces interventions scandées d’une voix monocorde n’emportaient pas l’adhésion. Du reste, les meetings du FN étaient étrangement atones, la foule se réveillant aux seules évocations d’immigrés méchants.
Erreur 5. Mauvaise stratégie au second tour. Certes les programmes de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon étaient cousins sur de nombreux points. On peut même avancer qu’ils possédaient la caractéristique commune de dépenses multiples non financées, dans une sorte de catharsis où toute réalité s’efface. Il n’était donc pas illogique que, non sans un certain cynisme, la candidate fasse les yeux doux à l’électorat du Chavez français. Néanmoins, en se concentrant uniquement sur cette population des Insoumis, à laquelle elle croyait naïvement plaire, et en ignorant l’électorat de Fillon (pourtant en théorie plus proche, et à qui elle n’a pas envoyé l’esquisse d’un signe amical), la candidate a limité d’elle-même ses capacités à améliorer son score du premier tour. Et ce n’est pas la visite surprise de dernière minute à la cathédrale de Reims des duettistes Marine et Dupont-Aignan, achevée en pantalonnade, qui pouvait soudain fidéliser l’électorat catholique (en théorie proche du FN) ignoré superbement jusque-là.
Erreur 6. Le ralliement à somme neutre de Dupont Aignan. En apparence une prise de choix, le politicard de seconde zone n’aura au final rien apporté dans la corbeille de la mariée. Propulsé Premier Ministre en cas de victoire, ce gaulliste d’opérette n’a pas réussi à convaincre son propre électorat : la moitié à peine de ses maigres 4,8 pour cent ont rallié le vote FN au second tour. Au final que restera-t-il de ce mariage blanc ? Probablement rien, pas même l’honneur du Président de « Debout la France ! », perdu en route.
Erreur 7. Le Waterloo du duel avec Macron. Inutile d’épiloguer sur le débat catastrophique, et unanimement jugé comme tel, conduit par une candidate à la dérive, égarée dans ses notes, agressive, incapable d’exposer le moindre point de vue cohérent : le numéro gênant de Marine Le Pen a consterné jusqu’à ses plus fidèles soutiens, et aura au fond réduit à néant la considération dont elle bénéficiait, au prix d’un travail de plusieurs années, dans les médias. Il n’est que de lire la presse dite de droite, où certains la couvaient d’un regard bienveillant - que ce soit l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, le tribun du Figaro Ivan Rioufol, ou même son ex-copain Eric Zemmour, avec qui elle déjeunait parfois, tous se détournent dorénavant d’elle. Les éditoriaux des uns et autres sont dorénavant emprunts de méfiance, de réserves, avec un constat unanime : Marine Le Pen ne parait pas aujourd’hui avoir l’étoffe d’une dirigeante de premier plan. Il lui faudrait une reconstruction totale, beaucoup de travail aussi. L’improvisation désinvolte et les trucs de chansonniers ne suffisent pas, passé un certain niveau.
Après ce Trafalgar personnel, quel sera son avenir ?
Il se trouve que la structure interne du FN, en apparence démocratique avec son « bureau exécutif », son « bureau politique », son « conseil national » et autre dénominations pompeuses, est dans les fait dirigée par la seule Marine, qui prend toutes les décisions sous les applaudissements de courtisans nommés par elle, les autres faisant de la figuration. Elle peut donc techniquement se maintenir comme chef incontesté.
Oui, mais… Comment se présenter une troisième fois à l’élection Présidentielle, mère de toutes les batailles, avec la quasi-certitude de perdre ? Et du côté des militants, dont certains prennent le large, pourquoi diable soutenir une défaite programmée ?
Ce sera l’enjeu des cinq années à venir au FN.
FN / Faillite en vue ?
Les pontes du Carré vont ils troquer caviar et blinis pour un modeste saucisse purée ? C’est la question qui se pose crûment après la Bérézina de 2017.
Le parti doit en effet gérer un imprévisible défi : le financement public dont il bénéficiait jusqu’alors va, contre toute attente, baisser de cinq cent mille euros par an. Le FN a plafonné à 2,99 millions de voix au premier tour des législatives, contre 3,6 millions en 2012. C’est une victoire à la Pyrrhus. Beaucoup y voient l’effet retard du débat du second tour, catastrophe due à deux erreurs majeures : un comportement inadéquat de la candidate, proche de la télé réalité à la NRJ12, et son absurde volonté d’en découdre avec son adversaire sur le terrain économique, où elle ne brille guère.
Revenons en arrière… Le mouvement à la flamme entame l’année 2017 avec un boulet au pied, avant même de chercher un financement pour les présidentielles : un fort endettement de plus de neuf millions d’euros, contracté auprès d’une banque russe en 2014. L’Agence d’assurance des dépôts bancaires russes (ASV) a lancé début janvier 2017 une procédure judiciaire pour obtenir ce remboursement de 9 millions d’euros, accordé au FN en septembre 2014 par la banque tchéco-russe First-Czech-Russian Bank (FCRBC). Cet établissement bancaire opaque appartenait à l’homme d’affaires russe Roman Popov. L’autorité administrative a notamment identifié dans les comptes de la FCRB un trou sans explication comptable de 4,1 milliards de roubles, adjoint à 31,8 milliards de passifs. C’est l’ASV qui se substitue à la banque privée désormais faillitaire, et réclame désormais au FN le remboursement intégral du prêt. Mauvaise nouvelle : cet organisme ne lâchera pas l'affaire et dispose de moyens intenationaux de recouvrement. Il faut savoir que le FN oppose un silence sépulcral à toutes les questions concernant ses états financiers, mais on sait que sa santé pécuniaire est fragile depuis longtemps. Une anecdote vient étayer ce diagnostic : dans une lettre envoyée le 9 juillet 2013 au Crédit agricole, qui sera par la suite rendue publique, le trésorier du parti Wallerand de Saint-Just écrivait déjà : « Le Front national, depuis le mois de septembre 2012, a vu ses dépenses s’accroître sensiblement compte tenu de son développement. En ce mois de juin 2013, en vérité, le Front national redémarre avec un déficit de plusieurs millions d’euros. » Peu après, le 14 novembre 2013, le FN était condamné à rembourser un solde de 6,3 millions d’euros de dettes, majorées de 600 000 euros d’intérêts, à son imprimeur historique Fernand Le Rachinel, ce qui n’a pas dû améliorer la situation. Revenons en 2017. Pour l’incurable optimiste Wallerand, interrogé sur le prêt russe, "il n’y a aucune raison que le contrat bouge" (? ?). Selon lui, la somme réclamé par les amateurs de vodka devra être remboursée dans son intégralité en septembre 2019, le FN ne « payant en attendant que les intérêts ». Cette révélation du trésorier barbu a été peu commentée dans la presse, pourtant elle constitue une incroyable bombe à retardement. Comment traduire en mots simples ce que dit notre comptable en chef ? En 2019 le FN qui, selon les propres paroles de l’expert St Just, n’a payé que les intérêts, ceci soit par mesure conservatoire vu la faillite de l’organisme prêteur, soit parce que son emprunt était dès le départ de nature in fine, va par conséquent devoir trouver d’un seul coup les neuf millions d’euros dans deux ans ! Le Parti ne possède probablement pas une telle somme sur un compte d’épargne, et le seul moyen d’éviter les huissiers consistera alors à noyer le poisson en lançant des procédures contentieuses – fort coûteuses, même si à terme elles réussissaient.
A moi, comptes, deux maux !
Une campagne présidentielle coûte en moyenne entre huit et dix millions d’euros (les quinze millions de Hamon sont un véritable exploit technique). Les candidats qui dépassent 5 % touchent jusqu’à 8 004 225 euros de remboursement public. Les deux finalistes reçoivent chacun jusqu’à 10 691 755 euros.
Dès la fin janvier 2017, pour contrer la disette programmée, le FN lance un premier emprunt auprès de ses sympathisants, à l’occasion des Présidentielles ; après ce premier appel, un autre suit, « l’Emprunt patriotique » pour les législatives. Le nom de domaine pour les législatives a été déposé mi-mars par Paul-Alexandre Martin, gérant de la société E-Politic, et proche de l’incontournable Frédéric Chatillon. Sur ce site internet, le FN vante le « taux particulièrement attractif de 3 % sur douze mois », pour un montant minimal de 1500 euros. Il y a un cadeau inespéré : « Chaque prêteur recevra une lettre de remerciements signée de la main de Marine Le Pen ainsi qu’un certificat nominatif témoignant de la reconnaissance du Front national ». De son côté, le FN prête aux candidats aux législatives qui le souhaitent au taux de 5 % (soit soixante pour cent plus cher que la rémunération que lui-même propose aux aimables prêteurs). Le financement des dépenses de campagne comprend, pour le candidat, l’achat d’un kit de 5500 euros incluant les documents de la campagne officielle, un journal de campagne, la présence sur un site-portail internet et les frais d’expertise comptable… On se contentera ici de citer Démosthène : « Les petites opportunités sont souvent le commencement de grandes aventures ».
Avant de continuer plus avant, examinons donc la situation actuelle de l’endettement du Parti à la flamme. Emprunt russe : 9 millions. Emprunt pour gérer la présidentielle : montant inconnu, mais au moins 2 millions. Emprunt Jeanne (éternel généreux, Jean Marie Le Pen a prêté via la structure « Jeanne » 6 millions). Certes, le contribuable va rembourser tout ou partie des campagnes présidentielles et législatives. Mais encore faudra-t-il que les comptes soient d’équerres : en 2012 par exemple 23 000 euros de petits fours (! !!) avaient été refusé et retoqué par la commission d’agrément des comptes de campagne. Ceci posé, tout n’est pas sombre chez les Frontistes : le parti dispose, en sus de son financement public, de la ressource des cotisations - entre 30 et 250 euros selon la bonne volonté de chaque militant. Les adhésions représentaient une manne annuelle supérieur à un million d’euros avant la prestation surréaliste du second tour – une baisse de ces revenus semble désormais probable. Il y a aussi les ventes de produits dérivés, T. Shirts, assiettes à l’effigie de la Présidente, gris-gris divers, posters, etc. dont on ignore le chiffre d’affaire, mais qui est bien réel. N’oublions pas non plus le bonus de financement public de 43 000 euros par députés élu, soit presque 350 000 euros annuel pour les 8 députés FN. C’est du reste sur ce chapitre que le débat raté aura eu le coût le plus douloureux, une vraie perte sèche pour le FN : avec 40 nouveaux députés, ce qui avant la prestation du débat contre Macron paraissait plausible à de nombreux observateurs, voilà pas loin d’un million huit cent mille euros annuel qui se déversait rue des Suisses pendant cinq ans, soit neuf millions !
Mais d’autres nuages s’amoncèlent. Le Parlement européen soupçonne depuis 2015 les assistants des 23 eurodéputés FN, qui figurent pour nombre d'entre eux à des postes officiels dans l'organigramme du parti, de travailler pour le seul Front national, en étant rémunérés par le budget européen. Des accusations que Marine Le Pen rejette en bloc, y voyant une « vaste manipulation politique », mais qui ont abouti à l'ouverture d’une information judiciaire mi-décembre 2016, pour les chefs d’abus de confiance et recel, escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, et travail dissimulé. Selon Bruxelles, le préjudice financier s'élèverait au total à 7,5 millions d'euros. Si la procédure judiciaire, puis le jugement, donnaient raison aux commissaires européens, le FN (tout comme le Modem, accusé de pratiques similaires) devrait rembourser la somme susmentionnée, sans compter les pénalités. Des sous de Bruxelles coûteux !
On le voit, sous les dehors rieurs d’une ascension irrésistible – la version officielle régurgitée sur les plateaux TV par les Florian, Steeve et autre Sébastien – les ennuis s’accumulent, la trésorerie est au bord du burn-out, la scoumoune rôde. Les élections de 2017 peuvent se résumer ainsi : explosion en plein vol de la candidate, qui aura du mal à reconquérir ceux qu’elle a déçu, ligne politique Philippot désavouée par les électeurs qui lui ont préféré le vote Mélenchon, désastre financier avec plus de quatre millions de voix perdues entre le deuxième tour de la présidentielle et le premier des législatives. Un maigre bilan, on en conviendra, et un futur sombre.
Najat Vallaud Belkacem fut elle un bon ministre ?
Najat Belkacem naît en 1977 à Beni Chiker, village marocain berbère. Elle est d'ascendance marocaine et algérienne principalement, et a six frères et soeurs. En 1982, avec sa mère et sa sœur aînée, elle rejoint son père dans le cadre du fameux regroupement familial instauré par Giscard. Le papa est ouvrier dans le bâtiment à Abbeville et elle passe la majeure partie de son enfance à Amiens, ville d’où est aussi originaire Emmanuel Macron… À l'âge de 18 ans, elle est naturalisée automatiquement, comme tous ses coreligionnaires, tout en gardant la nationalité marocaine, qu’elle ne reniera jamais. En 2000, elle obtient un diplôme de sciences-po, mais échoue à deux reprises au concours de l'ENA. C'est dans cette période qu'elle rencontre le sieur Boris Vallaud, avec qui elle se mariera cinq ans plus tard. Parents de jumeaux (un garçon et une fille), le couple choisit pour sa progéniture des prénoms à la fois arabes et français. Najat Belkacem entre bientôt au PS et rejoint, en tant que chargée de mission, en 2003 l'équipe de Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon. Elle devient la troisième porte-parole de Ségolène Royal, à L'élection de 2007. Candidate du Parti socialiste aux élections législatives qui suivent, elle échoue. En Décembre 2007, elle est élue « Lyonnaise de l'année » par le magazine Lyon Capitale, en compagnie du footballeur Karim Benzéma. Lors de la candidature de Ségolène Royal à la Primaire de 2011, elle est de nouveau promue porte-parole. L'homme en scooter Hollande, après sa victoire et sa désignation comme candidat du Parti socialiste à la présidentielle de 2012, nomme l’ambitieuse Najat porte-parole de la campagne présidentielle. Les portes du pouvoir sont désormais proches. Le 16 Mai 2012, Najat Vallaud-Belkacem est nommée ministre du droit des femmes et porte parole dans le gouvernement du terne Ayrault. Elle deviendra par la suite ministre des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports le 31 mars 2014 à l’occasion de l'éviction du Nantais (premier gouvernement Valls) puis ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche le 25 août 2014 (dans le gouvernement Valls 2).
Elle est l'une des six personnalités à avoir participé à l'ensemble des gouvernements Hollande, on note que lors de la polémique de l'été 2016 sur le burkini, elle condamnera sans appel les arrêtés municipaux anti-burkinis.
Najat Vallaud-Belkacem est donc nommée ministre de l'éducation dans le gouvernement Valls 2, et devient ainsi la première femme de l'histoire de la République à être nommée à ce poste. Et c’est là qu’on va mesurer avec précision son désir de remodeler de fond en comble le modèle français avec un prisme idéologique, celui du concept mythique (et parfaitement contraire au mérite et au travail) de l'égalité.
Sa première réforme, en décembre 2014, est celle de l'éducation prioritaire, pour « réduire les inégalités sociales ». Quatre critères sont définis : pourcentage d’élèves issus des « catégories sociales les plus défavorisées », pourcentage d’élèves « issus des zones urbaines sensibles », etc. Dans les faits, il s’agit de racisme diffus, où le fils d'immigré est récompensé à ce seul titre, qu’il fût travailleur ou paresseux chronique. Si l'intention est louable, le résultat est absurde puisque le fait d'être X ou Y vous propulse aveuglément dans la classe supérieure sans tenir compte de votre niveau.
Sur les questions de voile, on note du reste qu’elle autorise la participation des mères voilées lors des sorties scolaires. En avril 2016, elle contredit le premier ministre Manuel Valls (qui souhaitait, lui, l'interdiction du voile à l'université). Hollande donnera raison à Najat et désapprouvera Valls.
Najat Vallaud-Belkacem présente en avril 2015 une réforme de l'enseignement au collège destiné à « lever les difficultés rencontrées par les élèves ». Entrée en application en septembre 2016, la réforme "introduit davantage d’accompagnement personnalisé des élèves, d’autonomie laissée aux équipes pédagogiques, des enseignements pratiques interdisciplinaires croisant plusieurs disciplines autour de thématiques transversales et renforce l’apprentissage des langues étrangères". Ce baratin recouvre les réalités suivantes : annulation dans les faits de l'enseignement du Latin et du Grec, possibilité d'enseigner l’arabe dès l’école maternelle.
Cette réforme sera très critiquée par les enseignants de Latin et de Grec, qui de facto perdent leurs élèves - les procédures de volontariat étant très complexes - et par de nombreux écrivains, même de gauche !! Pour toute réponse, Najat les qualifie de « pseudos-intellectuels ».
Suit dans la foulée une réforme des programmes d’histoire : cette refonte sauce Najat, mystérieusement, ne met pas outre mesure en valeur notre pays. La nouvelle lecture du passé Français donne lieu à une intense polémique. Analysant les nouveaux programmes, même le réservé Pierre Nora (de l'Institut, historien de gauche aussi !) y voit « une forme de culpabilité nationale qui fait la part belle à l’Islam, aux traites négrières, à l’esclavage et qui tend à réinterpréter l’ensemble du développement de l’Occident et de la France à travers le prisme du colonialisme et de ses crimes ».
Fin 2015, Najat, décidément en verve, lance une campagne nationale visant à « lutter contre l'homophobie dans les établissements scolaires ». L’enseignement de pratiques inconnues d'eux étant ainsi dispensé aux élèves du primaire, le retrait d’élèves de l’école publique par de nombreux parents suit l'initiative. Najat est chargée d'ailleurs des « questions de société et des droits des personnes lesbiennes, gay et transgenres (LGBT) » au sein du Part Socialiste. Sur les questions des droits des personnes LGBT, elle défend l’ouverture de l’adoption de plein droit aux couples homos, y compris par insémination. Ceci est son droit le plus strict, mais - afin de « lutter contre les stéréotypes de genre » - la ministre Hollandaise met en place les célèbres « ABCD de l'égalité » qui seront enseignés de manière expérimentale en 2013 dans quelque 500 classes du primaire. Ils seront abandonnés ensuite devant le tollé général, y compris de nombreux enseignants.
Cessons-là d’énumérer les exploits divers de l'ex député. Dévorée d’ambition (elle a eu le temps d’écrire une autobiographie louangeuse pendant ses activités de ministre, et possède un site internet luxueux dédié à sa propre gloire), ne dédaignant pas soutenir la cause du voile, elle ne laisse pas un bon souvenir à ceux qui l'ont cotoyé.
Le suffrage universel a puni sèchement les cinq années chaotiques de Hollande. Reste au successeur de Najat une lourde tâche : détricoter - comme jadis Valls le fit avec les lois Duflot - les aberrations mises en place par cette suffragette en mal de reconnaissance.
Le programme 2017 du FN était idiot.
Quoiqu’on puisse penser du volet sociétal des promesse FN (immigration maîtrisée,
lutte contre l’islamisme, retour à l’ordre, etc.) toutes résolutions qui ne peuvent
qu’être soutenues sous réserve d'une application raisonnée, il y a eu hélas le reste, largement moins réaliste.
Chacun sait que le gourou Philippot lorgne du coté de la gauche, en
direction de laquelle il interprète la danse des sept voiles depuis plusieurs
années, avec un succès certain : la majorité des ex-communistes s’est
tourné vers le FN, tout comme le vote ouvrier, qui a basculé (tout ceci avant l'arrivée de la fusée Mélenchon). Fort logiquement,
le programme 2017 de la candidate Marine a repris les axes majeurs de cette
inflexion idéologique sauce Florian, dans une tonalité que ne renierait pas feu
Jacques Duclos, flanqué de l’enragée Jeannette Vermeersch. Revenons donc sur ce programme (en gros le même que celui qui avait échoué en 2012).
Aucun parti de gauche n’a
jamais osé produire un tel catalogue à la Prévert de dépenses non financées. Le
budget de la Défense est ainsi augmenté de 40 milliards, avec notamment la mise
en chantier d’un inutile porte-avions. Le FN crée en outre une "prime de pouvoir d'achat " de 80
euros par mois pour tous les salariés sans distinction, ainsi que pour les
retraités gagnant moins de 1500 euros. C’est fort généreux mais qui financera
ce beau geste se traduisant en milliards ? Le FN revalorise aussi les
prestations sociales, pourtant sources de fraudes multiples et de déficits, et
promet des recrutements tous azimuts dans la police, la gendarmerie, la
magistrature, les douanes et les hôpitaux. C’est la fête ! La réduction du
nombre de fonctionnaires ? Pas question, on embauche ! Au final,
selon le très neutre Institut de
l'entreprise, organisme proche des PME, l'addition s'élèverait à au moins
85 milliards de dépenses nouvelles – sans prendre en compte l’augmentation des
dépenses liées à la Défense évoquées précédemment. Selon le commandant en
second Philippot, l'Etat devrait aussi assumer deux investissements très lourds :
la création de 40 000 places de prison, acte en soi non critiquable, mais qui
coûterait près de 5 milliards d’euros, adjoint à la nationalisation des sociétés
d'autoroutes (là on nage dans le productivisme soviétique des années cinquante),
évaluée à 30 milliards par les experts ! Passons au chapitre des retraites. Florian
est le seul, avec les chevelus du Front de Gauche, à prôner une retraite à 60
ans - elle est à 62 à l’heure actuelle - quand l'âge légal recule au fur et à
mesure que s'allonge l'espérance de vie dans les pays développés. La
France a déjà l'âge de départ effectif
en retraite le plus précoce : 59,4 ans en moyenne à cause des régimes spéciaux délirants
du secteur public , contre 64,6 ans en moyenne dans les pays de l'OCDE. Or la
France est un pays à la pyramide des âges inversé, c’est à dire qu’il y a plus
de personnes âgées que de jeunes gaillards, pour faire court ; la partie
de Molière consacre 15 % de son PIB à la seule gestion des retraites. Le régime
général n'est revenu à l'équilibre que très récemment. Selon une étude du
ministère des Affaires sociales, le recul de deux ans de l'âge légal inclus
dans la loi Woerth de 2010 permettra d'améliorer le solde du régime général de
14,4 milliards en 2020 et de 12,7 milliards à horizon 2040. Or le démiurge de
la rue des Suisses veut revenir aux 40 années de cotisation, comme son alter
égo Mélenchon. A la clé, un manque à gagner immédiat estimé à près de 16
milliards. Au total ce projet utopique creuserait, selon les projections du Ministère,
un trou de 32 milliards en 2040, et ce pour les seules retraites du régime
général, hors fonction publique et régimes complémentaires.
Regardons à présent à la fameuse
sortie de l’Euro. Beaucoup souhaitent le retour au
Franc, en s’appuyant sur l’exemple heureux du Brexit. Hélas, il faut tempérer l’enthousiasme
de ces ardents patriotes. Il y a deux différences de taille entre la Grande
Bretagne et nous : d’une part un taux d’endettement par ménage bien plus
faible, mais surtout, outre-Manche, une monnaie nationale, la Livre Sterling !
En effet, les adeptes du rosbeef à la menthe n’ont jamais, contrairement aux
imprudents gaulois, adopté l’Euro ; ils ont adhéré à l’Espace Européen en conservant
leur indépendance monétaire, tout comme les avisés suédois et les rusés Danois.
La sortie de l’Europe n’a donc pas d’impact direct sur leur devise.
Vol au dessus d’un nid de cocus
Redonner à la France sa souveraineté est fort louable, sauf si on a
une dette extérieure libellée en euros qui s'élève déjà à 325 % du PIB, Etat et
secteur privé confondu, pour un montant digne de l’Everest (6 300 milliards). Les
économistes du FN ont cru avoir trouvé la parade : ils brandissent la vieille
recette de la lex monetae, qui autorise en théorie un pays à renommer sa
dette dans la monnaie de son choix. L'essentiel de la dette publique étant sous
contrat français, l'Etat rembourserait ainsi les prêteurs étrangers en Francs
et leur ferait payer le coût inévitable de la dévaluation consécutive à la
sortie de l’Euro. Tout ceci semble séduisant, mais dans les faits le principe
de la lex monetae s’avère inapplicable : rompre unilatéralement les contrats actuels en changeant de devise
entrainerait la cessation immédiate des prêts à court terme. Leur reconduction serait,
à la suite d’un bras de fer inévitable, accordée en échange de l’augmentation
des taux d’intérêts, comme par exemple chez nos voisins Grecs, qui empruntent
désormais à des taux de l’ordre de 8 % parce qu’ils se trouvent en situation de
faiblesse. Il se trouve que la situation de la France est la suivante :
chaque jour, nous empruntons sur les marchés à peu près 280 millions d’Euros pour
joindre les deux bouts, auquel il convient d’adjoindre 520 millions, qui
servent eux à boucher les trous antérieurs de la dette déjà en cours. Le total
est donc de 800 millions par jour à trouver, faute de quoi le défaut de
paiement, puis la cessation - y compris des prestations et des salaires du
secteur public - se déclenchent. Le lecteur note que ces cas ne sont pas
théoriques, il en a existé de bien réels dans l’Histoire récente : Mexique
(1981) ou Argentine (2001) où policiers et infirmières, par exemple, n’étaient plus payés durant des mois. Si la
dette publique vis-à-vis des investisseurs étrangers représente environ 60 % du
PIB, le reste est détenue par les Français via leurs assurances-vie (nous y
reviendrons). Quant à la dette d’essence privée des grands groupes, elle relève
du droit étranger pour l’essentiel. Les
entreprises comme la SNCF, EDF ou les banques empruntent sous contrat étranger
pour financer leurs activités. La sortie de l'euro et le retour au
Franc, pour souhaitable qu’ils soient in
abstracto, aboutirait donc à une hausse de la prime de risque exigée par
les prêteurs étrangers, et des taux payés par l'Etat et les banques. Que répond
le FN ? Il autoriserait à nouveau, faisant fi des traités internationaux
en vigueur, le financement de la dette par la Banque de France. Voilà une mâle
attitude, mais aussitôt ce serait le retour de la planche à billets et de
l’inflation, qui se traduiraient par une réduction automatique de la valeur des
biens mobiliers et immobiliers, et par l’amaigrissement à bas bruit de
l’épargne : avec une inflation à 8 % vos biens et économies diminuent de moitié
au bout de six ans. Dans un tel contexte (sortie de l’Euro, retour au Franc
avec dévaluation, augmentation des taux d’intérêt) l’assurance vie des Français
- qui abonde 40 % de la dette totale de
la France - subirait une attaque frontale de grande ampleur. Votre
assurance vie c’est de la dette ; les fonds en euros sont investis pour
l’essentiel en obligations émises par les gouvernements français successifs aux
abois. Contracter une assurance-vie consiste à échanger de l’argent bien réel -
fruit d’une vente immobilière par exemple - contre des lettres de créances sans
garantie claire, attendu que la France emprunte non pour investir, mais pour
couvrir des déficits imprudemment engagés. Pire : votre argent sert au
fond - de manière indirecte - à nourrir le veau d’or, les aides à gogo,
les dépenses somptuaires, la gabegie chronique, etc. Les contribuables floués, sans souvent s’en rendre compte,
permettent ainsi à nos élus de continuer à emprunter sans
réformer. Pour parer aux défaillances, les assureurs constituent certes des
provisions, mais limités : 70 000 €, par personne et par établissement
financier. Mais il y a plus grave. Depuis 2010, le
code monétaire et financier dans son article L612-33 prévoit de «suspendre, restreindre ou
interdire temporairement la libre disposition des avoirs.» En clair, si il y avait panique générale, l’argent thésaurisé ne
pourrait être débloqué sans une autorisation préalable du gouvernement en
place.
Bien entendu, le Front National n’est
nullement responsable de cette effroyable gabegie : il en aurait hérité tout
au plus, s’il avait été en mesure de gouverner. Néanmoins, l’application de son
programme économique dépensier aurait produit d’innombrables effets pervers, pour
les raisons suivantes : dorénavant toutes les économies sont intriquées,
et la France surendettée ne dispose plus de marges de manœuvre, sauf à défier
les organismes prêteurs, leur imposer urbi
et orbi l’abandon des créances, sortir de l’économie mondiale. S’isoler de la sorte ne résoudrait pas les
problèmes structurels qui nous minent, aggravés chaque minute par les dépenses
d’un Etat obèse et d’une dépense sociale folle, et la menace d’un terrible
krach intérieur serait tangible. La sortie de l’Euro est certes un but à
atteindre, mais d’une manière concertée et conjointe avec les Etats-membres, un
délai allongé, et une réflexion globale sur la dette.
Retour sur le Titanic Fillon
Il y aura toujours des gogos pour défendre le député de la Sarthe au motif qu’il serait catho
et vaguement de droite. Certes, le Canard Enchainé détonateur du scandale roule
pour la gauche depuis des lustres – un fait incontestable de la Vème. Le
volatile stipendié s’est toujours fait le relai des
intrigues et coups bas ourdis par la rue de Solferino. Néanmoins, l’examen des
faits bruts s’impose pour comprendre l’affaire qui a bousculé la Présidentielle
2017 : le faux dévot Fillon n’en sort pas indemne.
Les faits
Fillon a salarié son épouse Penelope comme attachée parlementaire à plusieurs reprises, par tranches : entre 1986 et 1990, puis entre 1998 et 2002. Quand le pilote automobile rejoint le gouvernement, son suppléant (un dénommé Marc Joulaud) prend aimablement le relai entre 2002 et 2007, pour un montant proche de six mille euros par mois. Enfin l’infatigable Pénélope sera à nouveau salariée entre 2012 et 2013 par le Sarthois, qui cesse d’employer sa femme en 2013, précisément lorsque le vote de la loi sur la transparence de la vie politique (initiée après l'affaire Cahuzac) contraint les élus à déclarer les activités de leur conjointe. Le problème ici ? Depuis des années, au cours de multiples interviews, Pénélope répète qu’elle se tient à l’écart de la vie politique et qu’elle ne travaille pas. Citons entre autres ceci : "Je n'ai jamais été son assistante ou quoi que ce soit de ce genre. Je ne m'occupe pas non plus de sa communication (Sunday Telegraph, Mai 2007). Embaucher un membre de sa famille n’est pas illégal, ce que répète Fillon en boucles pour sa défense, sauf si celui ou celle-ci ne déploie manifestement aucun travail réel. Le salaire mirobolant de Pénélope – trois fois le montant moyen d’un assistant à l’Assemblée – exige par surcroit la production de preuves circonstanciées. Et prouver qu’on travaille, c’est à la portée de tous : mails, courriers, actes de présence, etc. Or là, rien : aucun témoignage probant, pas de badge à l’Assemblée Nationale, pas de traces convaincantes d’activité, de correspondances, ahurissement de tous, y compris dans la Sarthe, et la permanence du Député Fillon inclus. Avec logique, le parquet financier - créé par la Guyannaise grimaçante Taubira - ouvre alors une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel. Même si cette instance est probablement orientée à gauche, elle est composé d’une quinzaine de magistrats et a accompli, il est vrai, un travail intéressant depuis sa création, notamment en pointant les mensonges de l’algérienne Benguigui, éphémère ministre beur de la Francophonie – condamnée en appel en septembre 2016 pour déclaration mensongère de patrimoine. Dans un premier temps Fillon applaudit à tout rompre l’initiative sensée le blanchir, et fait porter par le fils Levy - son avocat est le descendant direct du milliardaire à la chemise ouverte - des « pièces » prouvant le travail réel de son épouse, sous le feu des caméras convoquées opportunément. Quinze jours plus tard, le même Levy, et son client Fillon, accusent la dite instance de forfaiture. Etrange ! En réalité, il semble assez plausible que le clan Fillon s’avère incapable de produire la moindre preuve tangible de travail, hormis des contrats d’embauche ne signifiant rien en soi, et qu’il redoute d’ores et déjà des poursuites. Mais l’affaire se mâtine d’un parfum d’escroquerie en bande organisée avec l’emploi de deux des enfants du couple, pourtant encore étudiants. Marie, âgée de 23 ans, est salariée durant 15 mois, de 2005 jusqu'au 31 décembre 2006, à 3373 euros, puis 3814 euros bruts par mois. Pourtant, la stakhanoviste Marie suit des études de droit et effectue au même moment un stage dans un cabinet d'avocats ! Cette demoiselle est un véritable bourreau de travail, on en conviendra. En janvier 2007, le fils Charles lui succède. Simple étudiant de 22 ans, il est encore mieux payé que sa sœur : 4846 euros mensuels, soit le salaire d’un cadre de l’industrie avec vingt ans d’ancienneté. François l’Embrouille et sa femme Odette Publique (surnoms des deux sur Internet) dira que la studieuse Marie l'a aidé à préparer un livre – fort bien, mais pourquoi le contribuable devrait-il participer à l’élaboration d’un ouvrage dont les droits vont par essence dans les poches de son auteur ? Charles a, lui, travaillé à la préparation de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007, selon son père. Cette explication hâtive se révèle fâcheuse car elle peut s'apparenter à un financement illégal de campagne électorale : le papa généreux change de version une semaine plus tard et parle d’une mission floue de « consultant ».
Mais le plus grave constitué
par un faux emploi quasi manifeste : de mai 2012 à décembre 2013, Penelope
Fillon a été salariée pour un montant global de cent mille euros environ par la
"Revue des Deux Mondes", comme « conseillère littéraire ». En
20 mois, elle n'a rédigé que deux brèves notes de lecture, sous pseudonyme,
pour un consistant 5000 euros par mois ! Cadeau Bonux :
l'épouse
de François Fillon cumule de facto deux
emplois à plein temps, puisqu'elle est aussi, à ce moment, rémunérée comme assistante
parlementaire par le suppléant compréhensif Joulaud. Marc Ladreit de
Lacharrière, PDG de la revue, soutient qu'il a confié à l'épouse de François
Fillon une "réflexion stratégique
informelle" (sic) sur l'avenir de la presse. Si nous comprenons bien
donc, une revue confidentielle dont le chiffre d’affaire est probablement
inférieur à deux cent mille euros par an (tirage très réduit) salarie à hauteur
de la moitié de son chiffre d’affaire total, voire plus, une dame qui se
proclame elle-même femme d’intérieur – sa mission étant de prodiguer de
mystérieux conseils.
Est-ce fini ? Pas du tout ! Deux juges
d'instruction enquêtent depuis 2013 sur des soupçons de détournement de fonds
publics liés au Sénat. Six personnes sont déjà mises en examen dans ce
dossier. Or le sénateur François Fillon (il l’a été 21 mois avant d’être nommé
Premier Ministre) aurait perçu – en plus de son salaire - sept chèques entre
2005 et 2007 pour un montant total 21 000 euros. Pas mal pour un élu qui a fait
acte de présence moins d’un jour par mois, selon le propre site du Sénat, et
qui n’a posé aucune question écrite ou orale, ni déposé aucun amendement durant
sa mandature.
Continuons : un député ne doit pas exercer des
activités de conseil, ceci afin d'éviter le trafic d'influence ou la collusion
d’intérêts - excepté si le parlementaire exerçait cette activité avant d'être
élu. François Fillon, élu député le 17 juin 2012 a créé sa société « 2F
Conseil » le 6 juin… Quelle préscience ! D'où viennent les centaines
de milliers d'euros que rapporte la dite société ? Lors de sa conférence de
presse du 4 février, François Fillon cite ses clients : "L'assureur Axa, la société Fimalac et la banque
Oddo ».
Comme par hasard les dirigeants de cette clientèle prestigieuse sont tous des proches de l’ancien
Premier Ministre. Entre 2012 et 2015, « 2F Conseil » a assuré un
revenu complémentaire mensuel moyen de 17 600 euros au cumulard François, qui
par ailleurs utilisait des Falcon de la République pour rentrer dans la Sarthe
chaque week-end, quand un billet de train pour le Mans coûte cinquante euro.
Et puis, par delà ces faits cumulés consternants, il y a aussi le train de vie délirant de ces
nababs, payé sur nos impôts… Premier
ministre, Fillon s'était attribué une Citroën C6 blindée au Kevlar pour un coût
de 120 000 euros. Depuis son départ de Matignon, il a bénéficié d'une dotation
publique de 86 140 euros. Au titre de la seule année 2014, l'État a dépensé 54
717 euros pour lui rémunérer un assistant, et 12 167 euros pour lui fournir un
chauffeur. Quant au frais d'entretien de sa voiture de fonction, l'Etat a
déboursé en 2014 (on ne connaît pas encore 2015 et 2016) 4 452 euros, ainsi que
14 263 euros de carburant et 541 euros d'assurance.
Résumons : il est des paroissiens confits en dévotion le dimanche, et insatiables noceurs en semaine. Nous avons affaire ici, selon toute vraisemblance, à un spécimen de cet ordre, imbu de lui-même, certain d’agir en toute impunité car naviguant en eaux troubles, comme ses congénères. On peut objecter ceci : la plupart des hommes politiques ayant mis la main dans le pot de confiture (ils se sont tous gobergés sur le dos des cocus de votants depuis des décennies) le crime doit se relativiser à l’aune de la démocrassouille. Non. Le système de vote par acclamation est vicié. Les errances du suffrage universel, système qui a les atours séduisants de la virginité, et les moeurs corrompues de la putain, ne peuvent être acceptés comme telles.
Faillite personelle de Fillon
L’apparent dévot a
réussi l’exploit de ne pas même figurer au second tour. Son obstination à se raccrocher coûte que coûte à une candidature
plombée par une conduite hasardeuse, tel Bernique sur son rocher,
aura eu un coût : dynamiter l’élection en la rendant confuse, puis empêcher
l’alternance après le quinquennat consternant de l’homme au scooter. Fillon aura
contribué au futur sacre d’un homme de gauche ami des banquiers, quant aux
Républicains, incapables de le stopper, ils n’ont désormais plus que leurs yeux
pour pleurer.
Fillon présentait
pourtant un programme économique dense, avec des perspectives sérieuses de
réduction des déficits. La France emploie 35 % de fonctionnaires de plus que la
moyenne européenne, par exemple, et l’amaigrissement s’imposerait en première
intention, d’autant que les gains de productivité liés à l’informatique n’ont
jamais été pris en compte par l’Etat obèse.
A ce titre, le candidat de la droite classique – mais son aide de camp
Bruno Retailleau provient de chez Philippe de Villiers - aura séduit jusqu’à
certains membres de la droite nationale, pour la première fois dans toute
l’histoire de la Vème république : Henry de Lesquen avait par exemple
appelé à voter Fillon ; l’appel du « capitaine courageux » de Radio
Courtoisie aura connu un écho notable, tout comme le soutien déclaré des
membres de « Sens Commun » (ex-Manif
pour tous). On note toutefois
qu’Alain Juppé fit aussitôt savoir qu’en cas de gouvernance avec des membres de
ce mouvement honni, il rejoindrait l’opposition - indication supplémentaire de
ses inclinaisons douteuses vers le centre gauche. Le retraité Bruno Mégret
avait indiqué lui aussi voter pour Fillon, suivi peu après par le mouvement
créé jadis par lui, le MNR, et précédé par le Président du mouvement libéral
l’ALEPS, Patrick Simon. Ces ralliements s’expliquent : le programme
Brejnevien du gourou Philippot ne poussait pas au vote FN, pas plus que la campagne confuse de 2017 conçue
par notre génie des Carpates, copie carbone de celle de 2012. La victoire à la
Pyrrhus de dimanche n’y change rien, Marine Le Pen sera battue par Macron, au
terme d’un parcours terne. Le choix à droite se réduisait donc à peau de
chagrin, le marginal Dupont Aignan n’ayant pas la moindre chance - il aura
d’ailleurs contribué à l’échec de Fillon par sa sotte présence. Pour peu qu’on
admette les règles de poker menteur du suffrage universel, la priorité étant
d’éloigner le vote de gauche (qui est le fait de personnes déséquilibrées ou
aigries) le bulletin Fillon semblait par conséquent aller de soi.
Alors pourquoi cette défaite
cuisante ? Il y a plusieurs raisons.
1 / Fillon n’a
cessé de brandir comme sceptre son score écrasant aux primaires, lui donnant
toute la légitimité nécessaire. Certes, on concède que cette victoire fut sans
appel, mais elle relève d’un sophisme : il ne fait aucun doute que les
électeurs de droite, s’ils avaient connus les accusations sévères entravant de facto son envol, l’auraient placé loin
derrière Juppé et Sarkozy.
2 / Les ânes qui
ont conçu le mécanisme des primaires à droite ont oublié de prévoir une
procédure d’empeachment !
Résultat : lorsque le roi Midas Fillon s’est transformé en Gribouille sous
leurs yeux, les caciques des LR n’ont disposé d’aucun moyen légal pour le
destituer, ni pour recouvrer les importants fonds versés en vue de la
campagne ! S’il était évident, dès après les révélations des Canard Enchainé et autres Médiapart, que Fillon ne pourrait plus
mener une campagne normale, nul chez ses amis n’a jamais pu le convaincre de
partir – sans doute parce que c’eût été pour cet orgueilleux la reconnaissance
implicite de ses péchés. Aucun dispositif légal n’a été en mesure, au fond, d’empêcher
la catastrophe du 23 Avril, et les passagers du Titanic LR/ UDI ont assistés à
l’arrivée de l’iceberg dans un mélange résigné d’impuissance et de mélancolie,
beaucoup ne faisant même plus campagne. Le battu Sarkozy, notamment, a brillé
par son absence. Le candidat officiel LR/UDI, isolé, harcelé par les
journalistes, dans l’incapacité d’aller vers les français sans recevoir lazzis,
enfarinades, ou concert de casseroles, aurait dû se démettre dès janvier :
l’honneur d’un homme c’est de se sacrifier pour une cause plus grande que
lui-même ; il n’a pas souscrit à cette loi d’airain, malgré sa promesse de
renoncer en cas de mise en examen.
3 / « Ils sont beaucoup qui ont flatté le peuple sans l'aimer. » (William
Shakespeare). Depuis trente-cinq ans la France vit en
empruntant, sans jamais engager les réformes qui s’imposeraient. Les candidats
élus à la présidentielle ont tous un point commun : ces cyniques
promettent la semaine des quatre jeudis et
assurent par avance qu’il n’y aura aucun réforme douloureuse, notamment
sur le sujet du sacro-saint « service public », divinité qu’il est
impossible de critiquer, fût-ce à mots couverts. Environ cinq millions de
Français travaillent directement ou indirectement pour l’Etat, et deux millions
vivent d’allocations diverses, d’où le vote pour l’assistanat à crédit via les
multiples candidats proto-marxistes. Le programme assez courageux de Fillon sur
la Sécurité Sociale ou l’alignement des régimes de retraites manquait pour le
moins de la démagogie habituelle – celle qui assure la victoire dans la Sainte
Urne.
4 / La défense de l’intéressé, changeante, floue, a
dérivé jusqu’à une mauvaise foi manifeste. Au final, ses contre-arguments se sont
réduits à deux concepts : le sombre complot venant de l’Elysée, et la
non-faute. L’antienne « Mes amis, on
veut nous faire taire ! », tout comme l’évocation d’un improbable
cabinet noir, tendaient à suggérer
une cabbale ourdie contre la droite par les spahis Hollandais. Philippe
Ploncard d’Assac, autre soutien inattendu de Fillon, et souvent prompt à
diagnostiquer des complots, a également soutenu cette thèse. Acceptons-là pour
telle : et alors ? L’accusé eût-il produit des preuves du travail
effectif de son épouse qu’il était débarrassé dans l’instant des charges pesant
sur lui et réduisait à néant les fameuses intrigues
visant à sa perte. C’est précisément parce ce qu’il a été incapable de
démonter les accusations de ses contempteurs que Fillon a chuté ; cabinet
noir ou pas, des preuves du travail de Pénélope stoppaient dans l’œuf les
poursuites. Quant à sa complainte abondamment
conjuguée et répétée en meetings « on
me reproche d’avoir fait travailler ma femme et mes enfants », elle relève
du mensonge et de l’argutie : il est légal d’employer des proches au
Parlement. C’est la nature fictive du travail de Pénélope Fillon qui a retenu l’attention
des juges, d’autant que la dame n’a cessé de clamer se tenir loin de la
politique, depuis toujours. On peut travailler avec ses proches – le charcutier
comme le boulanger en sont coutumiers – il est en revanche abusif de se faire
rémunérer par le contribuable (éternel généreux) pour un travail inexistant.
On concèdera que la plupart des hommes politiques français
ont mis la main dans le pot de confiture depuis des décennies : citons pour mémoire le cas d’Anne Hidalgo, actuelle maire de
Paris, mensualisée des années durant comme inspectrice du travail à temps
plein, première adjointe en charge de l’urbanisme à la mairie, et conseillère
régionale PS ! Il est techniquement impossible de cumuler les trois
fonctions (à noter : dame Anne était par surcroît secrétaire nationale du
PS chargée de la culture). Plusieurs demandes écrites au sujet d’éventuelles
traces de ce travail ont été menées par l’opposition, en vain : il a pourtant
coûté à l’Etat plus de 600 000 euros sur dix ans et permis à notre stakhanoviste
en herbe de recevoir désormais près de 8000 euros par mois en cumulé, à l’âge peu canonique de 52 ans, et ce jusqu’à
son décès !
Malgré ces prébendes à répétition,
gauche et droite confondues, l’électeur cocu reconduit aimablement ceux
qui le plument.
Reste la question... Que va devenir l’étrangleur de Sablé sur Sarthe,
fossoyeur de son camp ? Ses ennuis judiciaires iront à leur terme, la fonction
présidentielle lui échappant. Vu les faits et leur gravité, le procès
retentissant guette. Son avenir politique parait sombre : comme souvent
dans ce domaine, les amis d’hier deviendront les ennemis de demain. Les
courtisans les plus zélés se transformeront en implacables procureurs, et
l’homme finira seul, errant dans les couloirs venteux de son château sarthois,
avec les feuilles de paie de Pénélope pour tout viatique.
Indéniable bêtise de la « droite » française
Alors que la gauche au pouvoir durant cinq années interminables a démontré
avec éclat son invraisemblable nullité, créant les conditions de sa future
défaite, la droite a perdu la Présidentielle en 2017.
Hollande fut une parfaite erreur de casting ; mais que dire de ses troupes,
engagées du début à la fin du quinquennat dans de multiples bras de fer entre
chapelles obscures ? Le règne du pingouin ayant été quoiqu'il en soit une succession de
couacs et de décisions inadéquates, le bon sens et la logique conduisaient à une nette alternance, d’autant que la gauche partait les fers aux pieds,
s’éparpillant en trois candidatures (Hamon, Mélenchon, et Macron pour toute l'aile droite du PS). Eh bien non.
La droite a foncé dans le mur avec gaieté.
Cet exploit peu banal doit
nous engager à une réflexion plus large sur la prétendue droite, ce courant qui
réunit depuis des lustres ambitieux, incompétents, bras cassés, loosers, dans
un feuilleton à la Dallas.
Fripouilles, pendards, et faux culs
Observons la période contemporaine française, au travers de la Vème république instaurée par le revenant De Gaulle en 58. L’homme de Colombey, qui se positionne à droite malgré l'union sacrée avec le PC douze ans auparavant, va accompagner une tragédie nationale : il sera l'un des acteurs de l'indépendance de l'Algérie, malgré le serment du contraire. Un premier résultat peu convaincant sur le plan personnel et politique, on en conviendra, sans évoquer d’autres décisions douteuses - même si cette indépendance était inexorable. Son successeur Pompidou, ex factotum de la banque Rothschild (nommé aux plus hauts postes depuis 1953) instaure en 1973 la loi portant sur la réforme des statuts de la banque de France. L’article 25 frappe par sa concision : « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la banque de France. » Cette phrase anodine interdit à la Banque de France de faire désormais crédit à l’État. La France va devoir se tourner vers les banques privées pour se financer, et acquitter des intérêts - quand l’État empruntait jusqu’alors sans intérêt. L’accroissement perpétuel de la dette publique au profit d'organismes internationaux va démarrer. C’est un impôt invisible des puissants sur les serfs. Chapeau la droite, une fois encore !
Continuons : que penser du quinquennat Giscard ? Il anticipe mal le premier choc pétrolier. Il est néanmoins à l’origine des constructions de centrales nucléaires qui assureront une indépendance énergétique à notre pays, il instaure aussi le droit à l'avortement.
Entre ici le magouilleur Chirac. Celui-ci possède un passé consistant de traître : en pleine campagne présidentielle de 1974, il a lâché le candidat officiel du gaullisme Chaban-Delmas pour se rallier à Valéry Giscard d’Estaing, avec 43 parlementaires de l’UDR. L’opération est un succès et Giscard nomme imprudemment Chirac à Matignon. Les deux se haïssent bien vite. Le Iago corrézien veut se venger des subtiles humiliations que distille Valoche le faux noble et réclame dans tout Paris la peau de l’homme à l’accordéon. Chirac lance via les réseaux Foccard (via le docile Canard Enchainé qui s’en fait le relai) l’affaire dite des diamants de Bokassa : elle plombera la dernière année de Giscard. Puis il fait voter en sous-main Mitterrand à la Présidentielle de 1981. Les réseaux gaulliens ont gagné, fût-ce au détriment de leur propre camp - ce qui constitue du reste une constance sous la Vème, l’essentiel des activités de la « droite » étant le grenouillage et les intrigues de basses-fosses : affaire Capitan, Markovik, ballets rose de Le Troquer, etc.
Mitterrand, dont chacun loue bizarrement le nom aujourd’hui, commet de nombreuses erreurs dont on paie encore le prix (coûteuses et inutiles nationalisations, création d’un million de postes de fonctionnaires en sept ans !). Il sera aussi le dernier Président de la Vème à faire fleurir la tombe du Maréchal à Douaumont, ceci chaque année, en passant outre aux glapissements d’une partie de sa majorité. Le natif de Jarnac est également un homme de grande culture, à cent lieues des ectoplasmes Chirac ou Sarkozy.
Après quatorze années de Mitterrand, et une cohabitation tendue, la France choisit Chirac en 1995. Revoilà la soi-disant « droite » ! Les sept années de Supermenteur se traduiront par un immobilisme quasi-total, ainsi que la prouesse technique consistant à offrir le pouvoir à la gauche, au terme d’une dissolution incompréhensible de l’Assemblée Nationale. Le roi fainéant réalise du reste un maigre score à la Présidentielle suivante - moins de vingt pour cent au premier tour - et ne doit sa réélection triomphale en 2002 qu’au monstre Le Pen (qui a éliminé avec panache le terne Jospin). On ne retient rien des cinq années suivantes, si ce n’est la condamnation solennelle du régime de Vichy par Jacquouille. Tous les clignotants économiques commencent, dès 1995 et les années qui suivent, à virer au rouge. La France, ravagée par l’assistanat, les promesses intenables, la dette, devient un pays qui bascule dans le vide. Pire : sa structure même promeut les médiocres, ce qu’on constatera à travers un personnel politique - celui des années deux mille - avide de fric, cynique et profiteur.
En 2007, le ludion Sarkosy, coaché dans l'ombre par l’habile Patrick Buisson, bat campagne dans une tonalité très droitière. L’électeur-cocu se prend à rêver : enfin un homme de droite réel et assumé aux commandes du vaisseau France ! Sarkosy est élu. Las ! Le capitaine courageux se dégonfle : ni karcher dans les banlieues, ni immigration contrôlée, bien au contraire, et un endettement record. Le livre de Buisson sur ces années Sarkosy est éblouissant : il mérite la lecture tant il éclaire sur ce rendez-vous manqué.
Ce sera donc aux Présidentielles suivantes de 2012, après l’éviction surprise du priapique DSK, l’avènement de Hollande le mou. S’ensuit le pire quinquennat de la Vème, concentré de décisions mauvaises, hasardeuses, nulles, idiotes, contre-productives : elles seront soldées par le renoncement de Hollande à se représenter, par crainte du ridicule. Et on revient au début de notre article : quand tout indiquait que la droite allait prendre sa revanche, elle s'est retrouvé empêtrée dans les comptes et mécomptes du faux modeste et vrai flambard Fillon. La droite la plus bête du monde, en quelque sorte… Comme disait François Mitterrand, « la démocratie c’est le droit institutionnel de dire des bêtises ».
Et ça,
la « droite » ne s’en ait jamais privé.
Hollande le médiocre
La Vème République fut prodigue en personnalités baroques. Avec Hollande on franchit un cap, on gagne la terra incognita : son impuissance et la persistance de celle-ci ont atteint des sommets jusque là restés vierges ; son impopularité record - qui l'a finalement contraint à renoncer à un 2ème mandat - restera dans les annales
Revenons
aux prolégomènes de son sacre : le visiteur de la rue du Cirque fut couronné par
les électeurs à la suite de hasards improbables.
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Au grand dam de son épouse milliardaire, présentatrice TV dévorée d’ambition et
se rêvant Reine de France, le priapique Strauss-Kahn chute de son piédestal par
la grâce d’une femme de chambre disgracieuse. Malgré les millions de son épouse, et un arrangement entre amis, l’impact est si dévastateur
que la marche royale vers l’Elysée est stoppée nette, d’autant que d’autres turpitudes
sont bientôt découvertes… L’amateur des amours ancillaires ne peut plus
prétendre au siège Elyséen dès l’automne 2011. Quant au public éberlué, il aura
découvert au passage que le couple (avocats engagés des damnés de la terre) vit
en réalité dans le luxe le plus tapageur, Anne Sinclair possédant une fortune
supérieure à 200 millions d’euros, à base de tableaux de maîtres, de Ryad à
Marrakech, d’appartement Place des Vosges, de propriété victorienne à
Washington, entre autres.
- Sur les conseils de spécialiste en communication,
Hollande – qui a le charisme d’un pétoncle -
aborde les primaires du PS de 2011 en affichant le masque martial du
guerrier, délesté de vingt kilos grâce à un régime en vogue. L’ancien mollasson
est devenu un être filiforme aux mâchoires serrées. Volontiers cassant, il répond
aux questions par des mots brefs et des gestes fermes. Aujourd’hui chacun sait
combien tout cela est joué : le personnage est fictif, le faux dur en
réalité un irrésolu chronique, mais à l’époque le subterfuge fonctionne. Flamby
terrasse Martine Aubry, Arnaud Montebourg (l’inventeur du surnom Flamby),
Manuel Valls, Ségolène Royal et Jean-Michel Baylet. A l’exception de la Madone
des 35 heures, qui le méprise ouvertement, tous deviendront ses obligés et
ministres.
-
Pendant cinq ans, l’égotique Sarkozy a tant indisposé par son numéro de clown et
ses contorsions de bateleur qu’il offre la victoire à son adversaire sans que
son celui-ci fasse preuve d’un grand punch ; le sacre inattendu d’Hollande doit
être regardé comme l’échec programmé du Président sortant, étrange mélange de
matamore et de vendeur de coupe-légumes.
Premier incident, dès l’investiture : l’ex Ségolène Royal est interdite de cérémonie par la virago Trierweiler, qu’Hollande a mis dans sa couche assez imprudemment, le caractère colérique et incontrôlable de la dame étant connu. Les enfants sont solidaires de leur mère et ne viennent pas. La cérémonie sera tendue et sinistre. Puis il nomme son gouvernement, un conglomérat de copains et d’obligés du PS savamment dosé selon les courants multiples qui le traversent, la plupart des impétrants étant novices ou incompétents dans leurs domaines respectifs.
Hollande déçoit tous ceux qui espéraient un renouvellement
des pratiques de la Vème - une de ses promesses - à savoir le renvoi
d’ascenseur comme seul gouvernail. L’amateurisme
du gouvernement ne tarde pas à éclater : deux de ses projets démagos se
voient censurés par le Conseil Constitutionnel (loi sur l’amnistie sociale,
l’imposition à 75% des revenus) et renvoyés aux calendes grecques. Le choix du Premier ministre, le terne Ayrault,
très vite débordé, a probablement été motivé par l’envie de régner avec un
simple exécutant en second, qui ne fasse pas d’ombre. Hélas, l’ancien maire de
Nantes s’avère vite incapable de tenir ses troupes, les couacs entres ministres,
les critiques à ciel ouvert, les querelles, se multiplient. Comme toujours avec
la gauche Française, le programme économique va se résumer à deux actions
monolithiques : on taxe et on dépense. Les premières mesures consistent
donc à augmenter les impôts de façon massive et brusque, en procédant dans le
même temps à des dépenses électoralistes de remerciements (suppression du jour
de carence pour les fonctionnaires en arrêt-maladie par exemple). Le résultat ne
tarde pas : l’économie française, déjà surtaxée, est frigorifiée du jour au lendemain, et la
croissance s’arrête net. La promesse formelle de faire reculer la courbe du
chômage, renouvelée plusieurs fois par l’homme aux costumes froissés, deviendra
évidemment son boulet au fur et à mesure du quinquennat.
Alors que nul ne l’y obligeait, Pompimou (autre surnom) impose aussi à la rentrée 2012 le mariage gay, avec l’aide de l'ardente Taubira. Malgré une forte résistance, le projet va à son terme, quand le pays aura passé six mois à se déchirer. Que constate-t-on depuis ? Les mariages homosexuels sont en réalité peu nombreux. Par delà les opinions de chacun, que de temps perdu, donc, pour une cause concernant quelques milliers à peine d'individus.
Restons
dans le domaine des mœurs : avec Sarkozy on avait eu un divorce rapide puis
un remariage bling-bling, son
successeur (père la morale qui avait blâmé cette conduite, tous en pratiquant
lui-même l’union libre) va faire plus fort encore ! Il y a d’abord
l’épisode du « tweet » de sa concubine, qui le ridiculise en prenant
parti contre Ségolène Royal dans une élection locale, puis la révélation piteuse de sa liaison avec
la théâtreuse Gayet, qu’il rejoint nuitamment. La séparation, digne d’un
vaudeville, de la répudiée Valoche alimentera les gazettes : elle commettra par la suite un livre
vengeur, grand succès de librairie. Tout ceci consterne, d’autant que dans le
même temps la politique du Casanova échoue sur tous les plans,
diplomatiques, économiques, sociaux. Même la création du CICE, mesure fiscale
favorable aux PME créée pour parer au désastre des dépôts de bilans en chaîne,
n’aura au final pas l'impact escompté : l’Etat ne fait là que rétrocéder les impôts
instaurés l’année d’avant.
En 2013, l’affaire « Léonarda » constituera un véritable psychodrame
pour le Président normal, du début à son épilogue : Hollandouille (autre surnom peu flatteur) invite la sans papiers Léonarda à revenir en
France, mais sans son encombrante famille, ce que la Rom de
quinze ans refuse aussitôt devant les caméras, lui infligeant un camouflet en
direct ! Cet épisode est à rapprocher de celui de l’affaire Cahuzac (un
ministre du budget fraudeur fiscal contraint à la démission) dans sa dimension
de sinistre farce.
Ayrault
est remercié sans égards au bout de deux ans, lui succède alors le nerveux Valls. Ce faux
toréro et vrai Tartarin va rapidement montrer ses limites. Certes, il détricote
à la hâte les lois Duflot sur le bâtiment, votée six mois plus tôt et dont les
effets ont été si fulgurants que seul leur abandon permettra de réanimer un peu
le secteur. Mais il agite aussi pendant des mois le spectre de l’antisémitisme
avec l’amuseur Dieudonné, quand semble-t-il des priorités autrement urgentes
s’imposent. Les chiffres alarmistes parlent d’eux-mêmes : déficits aggravés,
commerce extérieur en berne, chômage et faillites d’entreprise en hausse. Avec
le recul, les saillies d’un saltimbanque provocateur constituaient-elles vraiment le
péril numéro un en France ? On verra hélas que non : les attentats en
2015 de Charlie, puis ceux du 13 Novembre, seront la plus cruelle des réponses
aux lubies de l’espagnol. Quoiqu’il en soit, devant l’échec total de sa
politique, Hollande réoriente ses priorités dès la fin 2014 dans un sens plus
réaliste, aidé du danseur mondain Macron, avec pour résultat immédiat de perdre
des soutiens au PS, les fameux « frondeurs », et de ne bientôt plus
disposer d’une majorité claire au Parlement. L’épisode consternant de la
déchéance de nationalité ferme le cercueil : bientôt Hollande ne peut plus
gouverner, et n’a même plus la latitude de faire passer sa loi El Connerie sur le travail sans l’emploi
du « 49-3 ».
Le
corrézien au scooter, qui a repris une bonne partie de ses kilos - la
République est bonne fille et prodigue vins fins et mets délicats - aura au
final réussi l’exploit, malgré un contexte économique international inespéré
(baisse de l’Euro, baisse du pétrole, reprise de la croissance mondiale) de
conduire une politique à ce point inadaptée que la France devient le seul pays
d’Europe à ne pas voir son chômage baisser !! Quant à la prise en main du
problème endémique des intégristes musulmans s et de leurs exigences, il est mis sous le
tapis avec le reste.
Il faut s’y résigner sans joie excessive : l’insigne médiocrité du personnel politique est au fond la traduction de l’époque. Regis Ad Exemplar Totus Componibur Orbis (« l’exemple du monarque est la loi sur la terre ») : laxisme, atermoiements et impéritie sont les trois piliers d’une République Française exsangue, mal défendue, amère, désarmée, à l’abandon, dont le nullard Hollande fut le parfait miroir.