Mélenchon : ombres et lumières...
Jean-Luc naît en 1951 ; ses deux parents sont fonctionnaires. Contrairement à sa légende, ce soi-disant Pic de La Mirandole ne possède qu’un modeste Bac + 3 (licence de philo). Sa brève carrière professionnelle - ensuite ce sera un homme politique à plein temps - se cantonne d’ailleurs à deux emplois de professeur de français, dont un en lycée technique. Pour être complet, ajoutons le poste improbable, deux années durant, de « directeur politique » (! !!) de l'hebdomadaire du PS Vendredi.
Un long passage dans l’OCI lambertiste (il dirige la section de Besançon de 72 à 79, sous le pseudo de « Santerre »), ne l’empêche pas d’adhérer au PS en 76. Une curiosité car l’OCI est quasiment une secte, où on ni le droit de se marier entre membres, ni celui d’apparaître sous son propre nom… Mélenchon est du reste très flou toutes les fois qu’on l’interroge sur cette période opaque. Notre Jean-Luc devenu PS se voit en tout cas rapidement propulsé directeur de cabinet du maire de Massy Claude Germon. Il fera ensuite l’ensemble de sa carrière dans les arcanes et méandres du PS (Premier secrétaire de la fédération de l’Essonne, conseiller régional, etc.) avec une préférence marquée pour les sinécures, où la tâche ne présente pas de caractère fatiguant : sénateur de 2004 à 2010, député européen de 2009 à 2017 – la presse note des actes de présence à Bruxelles ou Strasbourg très moyens. Finalement son titre le plus prestigieux aura été ministre délégué (c’est à dire sous-ministre) à l’enseignement professionnel sous Jospin, de 2000 à 2002. Cet homme de réseau est en outre Franc-Maçon, au Grand Orient de France depuis 1983.
Arrivé à ce stade se pose la question : comment un vieux briscard de la politique, blanchi sous le harnais, ayant soigneusement choisi au cours de sa carrière des fonctions peu exposées, va-t-il devenir quelques années plus tard le leader charismatique des Insoumis ?
C’est en 2008 que JLM quitte le PS, où il n’a jamais réussi à fédérer un courant significatif ; il fonde alors le Parti de gauche. Le PS n’ayant jamais été en mesure au cours de son histoire de trancher entre une culture protomarxiste et son aile libéralo-droitière, Mélenchon décide de sauter le pas pour une aventure au fond très Gaullienne.
L’élection Présidentielles de 2012 lui donne raison sur le fond, puisque Ségolène Royal proposera un programme ouvert aux lois du marché dérégulé, et l’acceptant comme tel. Mélenchon n’arrive qu’en 4eme Place, avec 11, 10 % des voix, derrière le cheval de retour Bayrou. Il aura commis une erreur classique : remplacer dans son discours la figure du prolétaire martyrisé par celui de l’immigré victime du capitalisme, concept qui a propulsé la classe populaire et les ouvriers vers le FN – mais ce faux-pas stratégique, il se gardera bien de le renouveler en 2017.
Durant les législatives qui suivent le triomphe de Hollande, Mélenchon va se prendre une grosse claque : il se présente dans le Pas-De-Calais contre Marine Le Pen, en claironnant avec imprudence qu’il va la battre ; il n’obtient au final qu’un faible 21,46 % des votes, contre 42,26 % pour la Présidente du FN. N'ayant pas atteint les 12,5 % de voix d'inscrits, il ne peut même pas se maintenir pour le second tour. Jean Marie Le Pen aura ce mot cruel : « c’est Baudruchon ».
On ne résumera pas les cinq années politiques suivantes, véritable tsunami de couacs dévaluant pour toujours le PS comme parti de gouvernement. L’homme au scooter doit renoncer à se représenter, et Mélenchon se lance hardiment dans une campagne digitale originale en créant le concept de la France Insoumise, à ce point efficace que le candidat manquera le second tour de peu et réduira son rival Hamon à l’état de purée : cette période électorale mérite en soi, ainsi que le programme FI, non dénué d’autoritarisme inquiétant, mais aussi d’avancées (le droit animal par exemple), une analyse précise.
Voici le plus inouï : à présent député, Jean-Luc l’égotique incarne aujourd’hui, avec ses Insoumis, conglomérat hétéroclite d’ambitieux (Clémentine Autain ou Alexis Corbière) de novices exaltés ou d’anciens écolos et Front de gauche, la seule opposition audible à Macron.
Un sacré destin pour un ex-sénateur du bedonnant PS !