Hollande le médiocre
La Vème République fut prodigue en personnalités baroques. Avec Hollande on franchit un cap, on gagne la terra incognita : son impuissance et la persistance de celle-ci ont atteint des sommets jusque là restés vierges ; son impopularité record - qui l'a finalement contraint à renoncer à un 2ème mandat - restera dans les annales
Revenons
aux prolégomènes de son sacre : le visiteur de la rue du Cirque fut couronné par
les électeurs à la suite de hasards improbables.
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Au grand dam de son épouse milliardaire, présentatrice TV dévorée d’ambition et
se rêvant Reine de France, le priapique Strauss-Kahn chute de son piédestal par
la grâce d’une femme de chambre disgracieuse. Malgré les millions de son épouse, et un arrangement entre amis, l’impact est si dévastateur
que la marche royale vers l’Elysée est stoppée nette, d’autant que d’autres turpitudes
sont bientôt découvertes… L’amateur des amours ancillaires ne peut plus
prétendre au siège Elyséen dès l’automne 2011. Quant au public éberlué, il aura
découvert au passage que le couple (avocats engagés des damnés de la terre) vit
en réalité dans le luxe le plus tapageur, Anne Sinclair possédant une fortune
supérieure à 200 millions d’euros, à base de tableaux de maîtres, de Ryad à
Marrakech, d’appartement Place des Vosges, de propriété victorienne à
Washington, entre autres.
- Sur les conseils de spécialiste en communication,
Hollande – qui a le charisme d’un pétoncle -
aborde les primaires du PS de 2011 en affichant le masque martial du
guerrier, délesté de vingt kilos grâce à un régime en vogue. L’ancien mollasson
est devenu un être filiforme aux mâchoires serrées. Volontiers cassant, il répond
aux questions par des mots brefs et des gestes fermes. Aujourd’hui chacun sait
combien tout cela est joué : le personnage est fictif, le faux dur en
réalité un irrésolu chronique, mais à l’époque le subterfuge fonctionne. Flamby
terrasse Martine Aubry, Arnaud Montebourg (l’inventeur du surnom Flamby),
Manuel Valls, Ségolène Royal et Jean-Michel Baylet. A l’exception de la Madone
des 35 heures, qui le méprise ouvertement, tous deviendront ses obligés et
ministres.
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Pendant cinq ans, l’égotique Sarkozy a tant indisposé par son numéro de clown et
ses contorsions de bateleur qu’il offre la victoire à son adversaire sans que
son celui-ci fasse preuve d’un grand punch ; le sacre inattendu d’Hollande doit
être regardé comme l’échec programmé du Président sortant, étrange mélange de
matamore et de vendeur de coupe-légumes.
Premier incident, dès l’investiture : l’ex Ségolène Royal est interdite de cérémonie par la virago Trierweiler, qu’Hollande a mis dans sa couche assez imprudemment, le caractère colérique et incontrôlable de la dame étant connu. Les enfants sont solidaires de leur mère et ne viennent pas. La cérémonie sera tendue et sinistre. Puis il nomme son gouvernement, un conglomérat de copains et d’obligés du PS savamment dosé selon les courants multiples qui le traversent, la plupart des impétrants étant novices ou incompétents dans leurs domaines respectifs.
Hollande déçoit tous ceux qui espéraient un renouvellement
des pratiques de la Vème - une de ses promesses - à savoir le renvoi
d’ascenseur comme seul gouvernail. L’amateurisme
du gouvernement ne tarde pas à éclater : deux de ses projets démagos se
voient censurés par le Conseil Constitutionnel (loi sur l’amnistie sociale,
l’imposition à 75% des revenus) et renvoyés aux calendes grecques. Le choix du Premier ministre, le terne Ayrault,
très vite débordé, a probablement été motivé par l’envie de régner avec un
simple exécutant en second, qui ne fasse pas d’ombre. Hélas, l’ancien maire de
Nantes s’avère vite incapable de tenir ses troupes, les couacs entres ministres,
les critiques à ciel ouvert, les querelles, se multiplient. Comme toujours avec
la gauche Française, le programme économique va se résumer à deux actions
monolithiques : on taxe et on dépense. Les premières mesures consistent
donc à augmenter les impôts de façon massive et brusque, en procédant dans le
même temps à des dépenses électoralistes de remerciements (suppression du jour
de carence pour les fonctionnaires en arrêt-maladie par exemple). Le résultat ne
tarde pas : l’économie française, déjà surtaxée, est frigorifiée du jour au lendemain, et la
croissance s’arrête net. La promesse formelle de faire reculer la courbe du
chômage, renouvelée plusieurs fois par l’homme aux costumes froissés, deviendra
évidemment son boulet au fur et à mesure du quinquennat.
Alors que nul ne l’y obligeait, Pompimou (autre surnom) impose aussi à la rentrée 2012 le mariage gay, avec l’aide de l'ardente Taubira. Malgré une forte résistance, le projet va à son terme, quand le pays aura passé six mois à se déchirer. Que constate-t-on depuis ? Les mariages homosexuels sont en réalité peu nombreux. Par delà les opinions de chacun, que de temps perdu, donc, pour une cause concernant quelques milliers à peine d'individus.
Restons
dans le domaine des mœurs : avec Sarkozy on avait eu un divorce rapide puis
un remariage bling-bling, son
successeur (père la morale qui avait blâmé cette conduite, tous en pratiquant
lui-même l’union libre) va faire plus fort encore ! Il y a d’abord
l’épisode du « tweet » de sa concubine, qui le ridiculise en prenant
parti contre Ségolène Royal dans une élection locale, puis la révélation piteuse de sa liaison avec
la théâtreuse Gayet, qu’il rejoint nuitamment. La séparation, digne d’un
vaudeville, de la répudiée Valoche alimentera les gazettes : elle commettra par la suite un livre
vengeur, grand succès de librairie. Tout ceci consterne, d’autant que dans le
même temps la politique du Casanova échoue sur tous les plans,
diplomatiques, économiques, sociaux. Même la création du CICE, mesure fiscale
favorable aux PME créée pour parer au désastre des dépôts de bilans en chaîne,
n’aura au final pas l'impact escompté : l’Etat ne fait là que rétrocéder les impôts
instaurés l’année d’avant.
En 2013, l’affaire « Léonarda » constituera un véritable psychodrame
pour le Président normal, du début à son épilogue : Hollandouille (autre surnom peu flatteur) invite la sans papiers Léonarda à revenir en
France, mais sans son encombrante famille, ce que la Rom de
quinze ans refuse aussitôt devant les caméras, lui infligeant un camouflet en
direct ! Cet épisode est à rapprocher de celui de l’affaire Cahuzac (un
ministre du budget fraudeur fiscal contraint à la démission) dans sa dimension
de sinistre farce.
Ayrault
est remercié sans égards au bout de deux ans, lui succède alors le nerveux Valls. Ce faux
toréro et vrai Tartarin va rapidement montrer ses limites. Certes, il détricote
à la hâte les lois Duflot sur le bâtiment, votée six mois plus tôt et dont les
effets ont été si fulgurants que seul leur abandon permettra de réanimer un peu
le secteur. Mais il agite aussi pendant des mois le spectre de l’antisémitisme
avec l’amuseur Dieudonné, quand semble-t-il des priorités autrement urgentes
s’imposent. Les chiffres alarmistes parlent d’eux-mêmes : déficits aggravés,
commerce extérieur en berne, chômage et faillites d’entreprise en hausse. Avec
le recul, les saillies d’un saltimbanque provocateur constituaient-elles vraiment le
péril numéro un en France ? On verra hélas que non : les attentats en
2015 de Charlie, puis ceux du 13 Novembre, seront la plus cruelle des réponses
aux lubies de l’espagnol. Quoiqu’il en soit, devant l’échec total de sa
politique, Hollande réoriente ses priorités dès la fin 2014 dans un sens plus
réaliste, aidé du danseur mondain Macron, avec pour résultat immédiat de perdre
des soutiens au PS, les fameux « frondeurs », et de ne bientôt plus
disposer d’une majorité claire au Parlement. L’épisode consternant de la
déchéance de nationalité ferme le cercueil : bientôt Hollande ne peut plus
gouverner, et n’a même plus la latitude de faire passer sa loi El Connerie sur le travail sans l’emploi
du « 49-3 ».
Le
corrézien au scooter, qui a repris une bonne partie de ses kilos - la
République est bonne fille et prodigue vins fins et mets délicats - aura au
final réussi l’exploit, malgré un contexte économique international inespéré
(baisse de l’Euro, baisse du pétrole, reprise de la croissance mondiale) de
conduire une politique à ce point inadaptée que la France devient le seul pays
d’Europe à ne pas voir son chômage baisser !! Quant à la prise en main du
problème endémique des intégristes musulmans s et de leurs exigences, il est mis sous le
tapis avec le reste.
Il faut s’y résigner sans joie excessive : l’insigne médiocrité du personnel politique est au fond la traduction de l’époque. Regis Ad Exemplar Totus Componibur Orbis (« l’exemple du monarque est la loi sur la terre ») : laxisme, atermoiements et impéritie sont les trois piliers d’une République Française exsangue, mal défendue, amère, désarmée, à l’abandon, dont le nullard Hollande fut le parfait miroir.