Indéniable bêtise de la « droite » française
Alors que la gauche au pouvoir durant cinq années interminables a démontré
avec éclat son invraisemblable nullité, créant les conditions de sa future
défaite, la droite a perdu la Présidentielle en 2017.
Hollande fut une parfaite erreur de casting ; mais que dire de ses troupes,
engagées du début à la fin du quinquennat dans de multiples bras de fer entre
chapelles obscures ? Le règne du pingouin ayant été quoiqu'il en soit une succession de
couacs et de décisions inadéquates, le bon sens et la logique conduisaient à une nette alternance, d’autant que la gauche partait les fers aux pieds,
s’éparpillant en trois candidatures (Hamon, Mélenchon, et Macron pour toute l'aile droite du PS). Eh bien non.
La droite a foncé dans le mur avec gaieté.
Cet exploit peu banal doit
nous engager à une réflexion plus large sur la prétendue droite, ce courant qui
réunit depuis des lustres ambitieux, incompétents, bras cassés, loosers, dans
un feuilleton à la Dallas.
Fripouilles, pendards, et faux culs
Observons la période contemporaine française, au travers de la Vème république instaurée par le revenant De Gaulle en 58. L’homme de Colombey, qui se positionne à droite malgré l'union sacrée avec le PC douze ans auparavant, va accompagner une tragédie nationale : il sera l'un des acteurs de l'indépendance de l'Algérie, malgré le serment du contraire. Un premier résultat peu convaincant sur le plan personnel et politique, on en conviendra, sans évoquer d’autres décisions douteuses - même si cette indépendance était inexorable. Son successeur Pompidou, ex factotum de la banque Rothschild (nommé aux plus hauts postes depuis 1953) instaure en 1973 la loi portant sur la réforme des statuts de la banque de France. L’article 25 frappe par sa concision : « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la banque de France. » Cette phrase anodine interdit à la Banque de France de faire désormais crédit à l’État. La France va devoir se tourner vers les banques privées pour se financer, et acquitter des intérêts - quand l’État empruntait jusqu’alors sans intérêt. L’accroissement perpétuel de la dette publique au profit d'organismes internationaux va démarrer. C’est un impôt invisible des puissants sur les serfs. Chapeau la droite, une fois encore !
Continuons : que penser du quinquennat Giscard ? Il anticipe mal le premier choc pétrolier. Il est néanmoins à l’origine des constructions de centrales nucléaires qui assureront une indépendance énergétique à notre pays, il instaure aussi le droit à l'avortement.
Entre ici le magouilleur Chirac. Celui-ci possède un passé consistant de traître : en pleine campagne présidentielle de 1974, il a lâché le candidat officiel du gaullisme Chaban-Delmas pour se rallier à Valéry Giscard d’Estaing, avec 43 parlementaires de l’UDR. L’opération est un succès et Giscard nomme imprudemment Chirac à Matignon. Les deux se haïssent bien vite. Le Iago corrézien veut se venger des subtiles humiliations que distille Valoche le faux noble et réclame dans tout Paris la peau de l’homme à l’accordéon. Chirac lance via les réseaux Foccard (via le docile Canard Enchainé qui s’en fait le relai) l’affaire dite des diamants de Bokassa : elle plombera la dernière année de Giscard. Puis il fait voter en sous-main Mitterrand à la Présidentielle de 1981. Les réseaux gaulliens ont gagné, fût-ce au détriment de leur propre camp - ce qui constitue du reste une constance sous la Vème, l’essentiel des activités de la « droite » étant le grenouillage et les intrigues de basses-fosses : affaire Capitan, Markovik, ballets rose de Le Troquer, etc.
Mitterrand, dont chacun loue bizarrement le nom aujourd’hui, commet de nombreuses erreurs dont on paie encore le prix (coûteuses et inutiles nationalisations, création d’un million de postes de fonctionnaires en sept ans !). Il sera aussi le dernier Président de la Vème à faire fleurir la tombe du Maréchal à Douaumont, ceci chaque année, en passant outre aux glapissements d’une partie de sa majorité. Le natif de Jarnac est également un homme de grande culture, à cent lieues des ectoplasmes Chirac ou Sarkozy.
Après quatorze années de Mitterrand, et une cohabitation tendue, la France choisit Chirac en 1995. Revoilà la soi-disant « droite » ! Les sept années de Supermenteur se traduiront par un immobilisme quasi-total, ainsi que la prouesse technique consistant à offrir le pouvoir à la gauche, au terme d’une dissolution incompréhensible de l’Assemblée Nationale. Le roi fainéant réalise du reste un maigre score à la Présidentielle suivante - moins de vingt pour cent au premier tour - et ne doit sa réélection triomphale en 2002 qu’au monstre Le Pen (qui a éliminé avec panache le terne Jospin). On ne retient rien des cinq années suivantes, si ce n’est la condamnation solennelle du régime de Vichy par Jacquouille. Tous les clignotants économiques commencent, dès 1995 et les années qui suivent, à virer au rouge. La France, ravagée par l’assistanat, les promesses intenables, la dette, devient un pays qui bascule dans le vide. Pire : sa structure même promeut les médiocres, ce qu’on constatera à travers un personnel politique - celui des années deux mille - avide de fric, cynique et profiteur.
En 2007, le ludion Sarkosy, coaché dans l'ombre par l’habile Patrick Buisson, bat campagne dans une tonalité très droitière. L’électeur-cocu se prend à rêver : enfin un homme de droite réel et assumé aux commandes du vaisseau France ! Sarkosy est élu. Las ! Le capitaine courageux se dégonfle : ni karcher dans les banlieues, ni immigration contrôlée, bien au contraire, et un endettement record. Le livre de Buisson sur ces années Sarkosy est éblouissant : il mérite la lecture tant il éclaire sur ce rendez-vous manqué.
Ce sera donc aux Présidentielles suivantes de 2012, après l’éviction surprise du priapique DSK, l’avènement de Hollande le mou. S’ensuit le pire quinquennat de la Vème, concentré de décisions mauvaises, hasardeuses, nulles, idiotes, contre-productives : elles seront soldées par le renoncement de Hollande à se représenter, par crainte du ridicule. Et on revient au début de notre article : quand tout indiquait que la droite allait prendre sa revanche, elle s'est retrouvé empêtrée dans les comptes et mécomptes du faux modeste et vrai flambard Fillon. La droite la plus bête du monde, en quelque sorte… Comme disait François Mitterrand, « la démocratie c’est le droit institutionnel de dire des bêtises ».
Et ça,
la « droite » ne s’en ait jamais privé.